Philippe Caubère s’empare avec passion de la verve et de l’accent des personnages d’Alphonse Daudet et nous fait redécouvrir la force évocatrice de son écriture.

On ne présente plus Philippe Caubère, monument du théâtre français qui a pendant de longues années écrit et mis en scène son propre parcours dans Le Roman d’un acteur. Après avoir dit adieu à son alter ego Ferdinand en 2019, il s’est mis à relire, pour le plaisir, les Lettres de mon moulin d’Alphonse Daudet, qui l’avaient troublé enfant. Il a eu la surprise de redécouvrir la puissance de l’écriture, l’éblouissante force évocatrice des histoires, où se côtoient drame, burlesque et comédie, comme au théâtre. L’idée d’en faire un spectacle s’est imposée naturellement, pour s’amuser et amuser les autres, revenir à l’enfance. Il a d’emblée écarté l’option de la lecture en scène, emporté par son envie d’apprendre les textes, de se les approprier, de les faire vivre avec l’ambition de les jouer avec maestria. Faisant ce choix artistique, il s’est employé avec force et patience à s’en imprégner pour les restituer comme s’il les avait lui-même écrits. Sans décor, mais dans un costume d’époque, Philippe Caubère interprète le narrateur, fait surgir les paysages, fait vivre les personnages avec leur accent, se glisse même dans la peau des animaux avec passion et brio, comme à son habitude. Le temps d’une soirée, il partage avec le public cette Provence truculente de Daudet, qui est aussi la sienne, et nous la fait aimer comme il l’aime.