Les chiens

Prenez une famille, n'importe laquelle – la vôtre fera l'affaire.
Réunissez-la pour une joyeuse occasion. Louez une salle des
fêtes, mettez des décorations, organisez un buffet, passez de la
musique ou engagez un DJ, fournissez de l'alcool et des toasts au
tarama. Si quelques heures plus tard, tout le monde est toujours
debout, sympathique, souriant et joyeux, estimez-vous chanceux !
Vous êtes bien tombés ! Mais il est probable que quelques-uns se
soient effondrés, que des couteaux aient été plantés dans des mains,
que des paroles définitives aient été aboyées, que des couples se
soient déchirés, des frères et soeurs entre-tués, des amis déchiquetés.
C'est en tout cas comme ça que cela se passe dans le monde de
Pierre Notte. Or, quand c'est Pierre Notte qui le raconte, c'est fort
plaisant, car chez lui la cruauté est toujours voisine de la poésie, de
la tendresse et de l'humour. Les chiens, ce sont nous, ce sont nos
oncles, nos tantes, nos mères, nos cousins, tous ceux qui sont censés
s'aimer et qui passent leur temps à montrer les dents, à se grogner
dessus, à s'entre-dévorer.
Les Chiens, c'est aussi une joyeuse revanche contre les fleurs en
papier crépon, les cotillons, les chenilles qui redémarrent, et autres
réjouissances familiales !