Expo Emmanuel Gatti, Grandes Gravures, Vernissage le 17/7 à partir de 18.00h

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  • Route de Valette, l'Eglise, 47290 Lougratte

    Lougratte

  • +33613672194
  • Gratuit
  • Du 16/07/2021 à 10:00 au 22/07/2021 à 18:00

EMMANUEL GATTI

Parcours et grandes gravures

 

Le parcours qui a porté Emmanuel Gatti jusqu’à son œuvre récente de gravure en grand format tient à la fois d’une contingence liée aux évènements de sa vie tout comme d’une évidente cohérence qui a tissé en profondeur le fil de ce parcours. Trois lieux fondateurs sont à la base de sa vocation et de son orientation artistiques. La nature exotique, l’homme (au centre) et l’art, comme expression des deux premiers.

Une adolescence polynésienne fondatrice, où l’éveil des sens et de la sensualité est intimement lié  à l’éveil à la nature, contemplation et jouissance d’une nature océanique vierge, sauvage, solitaire. Ce vécu, à consistance existentielle quasi primitive, laisse place à ses débuts académiques qui, au lieu d’atténuer ou de formater l’expérience première, vont lui permettre de la déployer pleinement d’une part en approfondissant le contenu: l’humain, à travers un cursus en Anthropologie à l’Université Victor Ségalen à Bordeaux, et d’autre part en lui pourvoyant le moyen autant de réflexion que d’expression : l’histoire de l’art, étudiée à l’Université Michel de Montaigne de la même ville, où il découvre la gravure (Caravaggio, Rembrandt, Dürer, Piranesi …).

C’est donc à l’âge de 19 ans qu’Emmanuel Gatti s’initie à la pratique de la technique de la gravure, tout en s’imprégnant des textes de Lévi Strauss et des illustrations gravées des récits anciens de voyage. Vers la fin de ses études, une première exposition fondatrice en galerie: ses « vitrines ethnographiques » où il présente à la fois des gravures, des photographies personnelles et divers objets de récupération issus tant du monde ethnographique qu’intime. Ainsi, la culture –au sens propre de « cultiver », d’acquérir des éléments et des techniques, se voit « fécondée » par l’imaginaire. Les grands espaces ont laissé place à un lieu de contemplation en apparence plus restreint, mais seulement en apparence : la vitrine ethnographique rassemble la triple dimension du parcours de l’artiste où germe déjà  son travail le plus récent.

Cependant, si ces trois éléments convergent sans cesse dans son parcours et son œuvre, l’on se trouve devant ce qui semble un paradoxe : pourquoi sa réflexion sur l’homme se passe de la présence humaine dans le milieu naturel qu’est le sien ?  Tel est le cas dans la majorité de l’œuvre[1] d’Emmanuel Gatti avec une double lecture possible : celle de l’idéalisation du paysage dans une nostalgie arcadienne voire édénique où la trace (l’impact) de l’homme était invisible,  ou encore,  une absence prémonitoire de son éventuelle disparition.

Cette absence est flagrante dans ses récents travaux de gravure en grand format. Or, il n’y a d’absence qu’explicite. Le thème de la grotte est en soi riche de connotations anthropologiques et il est par ailleurs paradigmatique de la confluence des trois éléments fondateurs du parcours de l’artiste (natura, homo, ars). En effet, en tant que milieu naturel hospitalier primitif et en tant que support originel de la toute première expression artistique, l’art pariétal, constitue un facteur décisif d’hominisation. La grotte se présente à nous à la manière Courbetienne, comme une « Origine de l’art » et donc, comme un origine de l’homme. L’absence devient ainsi le signe même d’une présence, voire d’une espérance en l’avènement d’un nouvel humanisme qui rendrait à l’homme son  harmonie avec la nature. Ce que l’on contemple est ce passage de l’hominisation, accomplie dans la grotte à travers l’expression artistique rupestre, à l’humanisation, toujours à conquérir, revendiquée dans l’œuvre d’art qui nous interpelle dans notre contemplation même

Interpellation, car l’artiste a son mot à dire. Sauf qu’il le dira sans un mot. Non pas par incapacité ou aversion envers le langage mais parce que sa vie et son parcours artistique l’on porté vers un mode d’expression qui se passe du filtre du langage formel ou de la narration pour se déployer dans le langage du corps. Cette démarche atteint son paroxysme dans la gravure au format hors-normes. Cette technique, trop souvent reléguée à un classicisme et à un format réduit, lui apparait à un instant de sa vie comme une véritable révélation, à la fois intime et altruiste ; elle constituera pour lui à la fois une planche de salut et un moyen d’expression artistique à proposer comme enjeu contemporain. Dès lors, l’artiste se dévoue à un intense travail de formation aux différentes techniques de la gravure qui, même à ses débuts aux formats plus réduits, s’inscrira dans une dynamique de l’espace qui décuple l’œuvre d’art : Emmanuel Gatti joue de l’espace et de l’architecture lors de l’exposition de ces œuvres ou bien dans sa collaboration à des scénographies pour des créations théâtrales (grandes gravures projetées sur mur de scène). Une fois maîtrisée la technique, le travail se poursuit humblement mais avec la même intensité dans une dynamique de recherche et d’expérimentation, de collaboration avec de grands graveurs[2], de partage et d’enseignement en atelier ou à l’Université[3].

Les grands formats, avec l’exigence technique, la performance et l’engagement physiques qu’ils requièrent dans la pratique de la morsure directe sur trame d’aquatinte[4], ouvrent à cette expression artistique non formulée, non narrative.

Engagé corps et esprit à part égale, l’artiste transmet une énergie en traduisant ses réflexions et ses émotions dans un langage universel. L’œuvre d’Emmanuel Gatti, transcendant les données objectives et le discours construit, interpelle autrement : la contemplation peut nourrir l’engagement en faveur d’un humanisme en harmonie avec la nature.

 

 

 

 

 

 

[1] Emmanuel Gatti est aussi photographe alternatif et développe une pratique personnelle de transfert photo sur papier gravure où son univers devient plus humanisé et coloré. Pratique expérimentale comme aux origines de la photo, réflexion sur l’image contemporaine, l’artiste questionne la matérialité des supports et leur  transformation de ces supports. L’œuvre qui en résulte est une image où l’onirique se superpose à l’explicite et l’image, vague et floue, devient davantage révélatrice du réel.

[2] Rappelons notamment  sa collaboration avec la Métairie La Bruyère en Bourgogne qui possède un savoir-faire dans l’impression des grands formats et une des plus grandes presses de France et d’Europe.

[3] Paris 1 Panthéon-Sorbonne

[4] Peindre à l’acide pur sur métal

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