Andromaque

Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector qui est mort... Andromaque ou la tragédie racinienne à son sommet. À partir du dispositif sommaire de la lecture à table, Thomas Condemine et Olivier Martin-Salvan nous font partager leur amour infini pour le théâtre et les grands textes. Avec cinq chaises, des bouteilles d'eau, une table face public, ils déjouent notre attente de spectateur et rendent notre oreille bien disposée à l'écoute. Économie gestuelle, prosaïsme scénique, trivialité des corps... Rien de tel pour faire entendre la tragédie dans sa parole brute. Rien de tel pour apprécier la poésie de Racine. En cours de route, les cinq acteurs, céderont à la fièvre de la langue qui les mettra debout. Alternant continuellement entre crainte et espoir, terreur et pitié, les passions à l'œuvre viendront faire imploser cette convention de lecture et faire exister de purs moments de jeu. D'abord, lecture, puis mise en espace, la suite logique serait donc le spectacle ? Pas si sûr. Pour Thomas Condemine, atteindre le tragique dans Andromaque revient peut-être à proposer une mise en lecture qui ne parviendra pas à devenir un spectacle. Une lecture qui le voudrait passionnément, fiévreusement, mais qui n'y parviendrait pas. « Une lecture qui, à la fin, usée par ses tentatives répétées pour se réaliser, finirait par rendre l'âme. « Un échec aux allures de cauchemar monstrueux. Une tragédie. »