Pensare Fantasticare

La ville... Claire Nicolet la connaît par ses longues déambulations ; elle s'y laisse surprendre par un détail dissimulé aux yeux du profane, future atome de ses errances visuelles. Au gré de ses pérégrinations urbaines, l'artiste saisit moult fragments, curiosités architecturales, étrangetés poétiques...
Ce matériau premier constitue un socle théorique, assimilable aux principes géométriques que Filarète plaçait au départ de toute démarche artistique. Cette matière à « Pensare », connaissance rationnelle-voire technique-est la trame, matière sublimée dans l'élaboration de l'historia, but ultime de la peinture d'après Alberti. L'artiste retrouve alors à la Renaissance son statut de créateur : maître de la perspective, il s'affranchit de l'influence divine, magnifie l'existant et le recompose, « pour ne pas faire de cet art sublime un vil métier où l'on ne ferait que copier sans choix », comme l'inscrit Piranèse au fronton d'un monument de son Parere sull'Architettura.
Ainsi, l'étude du réel sert la créativité ; l'artiste se saisit de ce qu'elle voit pour en faire surgir une interprétation fabuleuse. Par le dessin, la peinture, ou encore la sculpture, elle rend compte de ce souffle qui habite nos murs urbains. [... ]
Blandine Boucheix – Conférencière, médiatrice et commissaire d'expositions