Instante

Un homme. Un cercle de fer. Et le mouvement giratoire comme moteur. Le nouveau spectacle de Juan Ignacio Tula se dégage de tout artifice : un jeu solitaire et mystique avec son agrès, la roue-cyr, qui demande force et subtils jeux de gravité. Inspiré par les rondes des derviches tourneurs, l'acrobate argentin se lance dans un tournoyant corps à corps avec l'anneau d'acier. Tour à tour aérien ou déséquilibré, virtuose ou fragile, Juan Ignacio Tula ne cache rien de sa fatigue, ni de l'effort.
Dans un mouvement proche du hulahoop, la roue semble légère comme une plume. Quelques instants plus tard, elle le déséquilibre de ses 15 kilos d'acier. On ne sait plus bien qui manipule qui. Un délicat jeu de lumières, quelques surprises et accidents ponctuent ce solo hypnotique.
Souvent vu sur scène aux côtés de Stefan Kinsman, autre magicien de la roue-cyr, rencontré pendant sa formation au CNAC, l'artiste accepte, ici, le jeu du seul à seul entre lui et la roue. Sur l'autel du numéro de cirque, il nous engage dans une cérémonie de l'extrême, où sa danse avec la matière tourne presque à la magie.