Clémentine Adou, Xmas

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informations générales

  • Alençon

aménagement pmr
  • Personnes à mobilité réduite,Personnes malentendantes,
  • Gratuit
  • Du 26/01/2024 à 18:30 au 03/03/2024 à 18:00

« Le mouvement n’est pas quelque chose de matériel. Il indique simplement qu’une œuvre se déploie dans le temps aussi bien que dans l’espace. […] Peut-être ne signifie-t-il rien de plus complexe pour les artistes que la possibilité de « respirer librement » dans de nouvelles dimensions, de trouver un langage qui les situe dans le monde de la manière dont il·elles en ont pris conscience. »

Trois mouvements développés et séparés les uns des autres par Clémentine Adou dans Xmas : images, son, objets évoluant chacun selon leur propre logique, en boucle, sans s’arrêter. Les images tournées dans les rues, devant les vitrines, se déroulent silencieusement ; les mouvements mécaniques se répètent, se reposent et redémarrent, les lumières ne cessent de clignoter. Les bruits, les musiques et les voix qui les accompagnaient se font entendre plus loin, ritournelles et vagues de brouhahas réverbérées et distordues, isolées à leur tour. Ailleurs, des parapluies désossés tournent sur eux-mêmes, hésitent, coincent, se speedent et se reprennent.

Où sommes-nous ? À Noël, qui vient de passer, et reviendra dans onze mois ? Dans l’utopie des fêtes de fin d’année, l’obscurité des nuits les plus longues peut être chassée à coups de guirlandes et de lampions, les sapins chargés de boules se déguisent en orangers pour triompher de la froideur de l’hiver. Dans leurs vitrines, les grands magasins mettent en scène le rituel commode de la magie de Noël : des pantins de papier biodégradables s’agitent pour donner corps au « caractère fétiche de la marchandise ». Nous sommes de retour chez Walter Benjamin, avec ses descriptions de mannequins dans les passages parisiens, images de la vie figée se dressant face aux passant·es comme leur reflet ambivalent, les renvoyant à leur désuétude vis-à-vis de la logique des échanges de valeurs. 

« Respirer librement », dit Guy Brett. Dans Kinetic Art, il associe Lygia Clark et David Medalla à Takis pour montrer comment la mobilité d’une œuvre va de pair avec son caractère changeant, résolument indéterminé, sinon dans la richesse des perceptions qu’elle propose aux spectateur·trices. Ce sont les pièces à rotors de Clémentine, assemblages bizarrement animés d’une dynamique à la fois simple et complexe, qui m’ont fait penser à ce que Brett avait écrit sur l’art cinétique. Au bout des baleines de parapluie démantibulées, des nez rouges de clown sont animés de leurs mouvements propres, aléatoires, leur plastique émettant des petits « ploc » et « cloc » arythmiques. Une gymnastique aléatoire, imprévisible et émouvante pour contredire des mécaniques bien huilées, des déplacements prévus et minutés. Dans la vidéo Xmas, l’œil glisse sur les piles de cadeaux factices pour composer des suites colorées, saisir la forme d’une spirale ou jouer avec l’abstraction d’un détail. 

Une œuvre en mouvement, dont l’expression n’est pas fixée, propose Brett, crée une sorte de temps suspendu, un « présent éternel » propice à la reconsidération des cadres établis de l’expérience. « Parce qu’elles sont toujours en plein renouvellement, revenant à leur point de départ, ces œuvres suggèrent une sorte de libération vis-à-vis du temps historique et de l’oppression créée par l’accumulation de choses du passé. » Réanimer les choses pour imprimer un autre rythme au temps et à l’espace.

Benjami Thorel

 

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