SUZY STORCK

Avec Suzy Storck, texte percutant de Magali Mougel, Simon Delétang sublime la figure d’une femme « ordinaire », mère de famille sans histoire à la vie ponctuée de renoncements successifs, dont le destin va soudainement basculer. Un drame intimiste et poignant, qui revisite les fondamentaux de la tragédie antique.

Je me lève le matin. Pas parce que le sommeil a été suffisant. Pas parce que mes yeux se sont ouverts d’eux-mêmes. Pas parce que mon corps est impatient de se déplier. Pas parce que l’envie me prend de me lever. Je me lève le matin.

Tout commence immédiatement après le drame. Suzy Storck est femme au foyer, mère discrète et épouse résiliente, du moins en apparence. Minée par un quotidien devenu insupportable, entourée d’une mère abusive, d’un mari peu soucieux de son bonheur et de trois enfants qu’elle n’est pas certaine d’aimer ni même d’avoir désirés, elle nous parle de son quotidien, d’une vie faite d’humiliations et de défaites, dont le cours va soudainement basculer à la faveur d’un geste d’inattention irréversible.

À travers ce personnage brisé, Simon Delétang souhaite dessiner le portrait d’une femme magnifique, à la folie digne d’une héroïne de Marguerite Duras, qui maîtrise à la perfection les rouages de la tragédie antique, à la voix tranchante et saccadée d’une Médée des temps modernes.