FESTIVAL DE CAVES - Théâtre souterrain

Le Festival de caves se déroule du 9 mai au 20 juin dans les caves bisontines. En parallèle, il sillonne les routes de Bourgogne-Franche-Comté dessinant une géographie complexe, tapissée de ramifications, d'embranchements, de carrefours et de bifurcations soudaines. La programmation 2024 du Festival de caves semble emmenée par l'idée de nomadisme, de mouvement, de voyage, les projets de création et les choix de thèmes, de récits en sont le reflet.
« Faites rhizomes, pas racines ! » disait Deleuze, nous invitant à découvrir des géographies – de la pensée – plus ouvertes et étendues, plus libres et plus souples. Cette année, le Festival de caves semble, plus que jamais, mettre en scène des propositions artistiques qui se répondent, faisant danser ensemble anticonformisme, fluidité, exploration, voyage, émancipation,... sur des scènes et à travers des écritures aussi bien intimes, que sociales ou historiques... Une saison engagée, donc, dans le sens où la mobilité est du côté de l'engagement, faisant valser les inerties, les sédentarités trop établies, les expériences d'une pensée à l'arrêt, trop fixe et sans question...
Comme chaque année, Le Festival de caves aura lieu avec le printemps. C'est le temps du pollen, de l'ensemencement ; le temps où la nature se donne, en complément des racines qui la font vivre, tout en la condamnant à demeurer sur place, la possibilité d'une diffusion au gré des vents ou des vols d'insectes...
« Dés-enraciné. e. s » pourrait-être ce mouvement ; et le nôtre !
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Pour commencer le voyage, levons l'encre avec Balbuzar, héros « tout public », inspiré de l'album jeunesse du même nom, de Gérard Moncomble ( illustré par Frédéric Pillot ), qui a choisi de sillonner les mers ; et quelle meilleure manière de se dés-enraciner qu'en compagnie d'un pirate, figure de l'anticonformisme et de l'émancipation politique.
L'émancipation, c'est aussi l'enjeu de Le Jeu de la Chèvre, écrit par Vincent Tiran, réécriture « dangereuse » de La Chèvre de M. Seguin d'Alphonse Daudet, enchainée à son poteau ; métaphore des jeux de pouvoirs et relations de manipulation, de domination, qui se jouent dans l'intimité de certaines relations.
Une autre déclinaison de l'émancipation encore : celle de cette femme Marie-Pierre, anciennement Jean-Pierre, qui accompagne son vieux père tous les mardis, pour l'assister dans les magasins. Le Mardi à Monoprix de Jean-Pierre Darley.
Une autre figure féminine nomade, tout autant, avec Médée, poème enragé, mythe saisi dans l'écriture contemporaine de Jean-René Lemoine.
Ctrl-X, de Pauline Peyrade, est l'écriture originale d'une identité poreuse, qui se compose et se décompose, qui se dévoile par éclats, par fragments, à la fois défaite et conquête, où bribes de soi et de l'Autre se nouent, se changent, se mêlent, dans un monde où traces réel et fiction cohabitent.
Jean D'Amérique, dans Cathédrale des cochons, nous livre, en une seule phrase, un souffle, le cri d'un prisonnier haïtien ; cri de révolte, de courage, de poésie.
Enfin le personnage de Tahrir, écrit par Paul Schirck, se confronte à l'histoire familiale par le récit et la musique, après la découverte de lettres de ses aïeux, colons en Algérie.