On purge bébé

Vertigineuse mise à mal du mariage, On purge bébé décortique nos travers tout en faisant jaillir la plus capiteuse hilarité. Follavoine, porcelainier de son état, attend Monsieur Chouilloux, influent fonctionnaire cocufié, afin de signer un contrat qui fera de lui le fournisseur officiel de pots de chambre de l'armée française. Pour mettre toutes les chances de son côté, il a invité l'épouse Chouilloux et son amant, Horace Truchet. Mais le fils constipé de Follavoine, refuse de prendre sa purge le jour de l'entente, tandis que Madame en déshabillé sillonne l'appartement un pot de chambre à la main, pour faire avaler la potion à l'enfant terrible. Avec cette comédie de mœurs, Georges Feydeau pointe du doigt la stupéfiante mauvaise foi des hommes et des femmes. Émeline Bayart nous offre une mise en scène sous-tendue par la musique d'un piano sur scène et ponctuée de chansons pour la plupart contemporaines du maître du vaudeville. Exploitant à l'envi la musicalité du texte rythmé par ses points d'exclamation, d'interrogation et de suspension, la metteure en scène entend dépecer les pensées des protagonistes avec le chant, la musique et le jeu chanté. Dans un décor d'intérieur fidèle aux didascalies de l'auteur, six comédiens en costumes style 1900 jouent et chantent l'éternelle cruauté du couple. Accessoire métaphorique de Paris, du masculin, et par extension du pouvoir, une Tour Eiffel voyage à travers chaque combat domestique. Mais gare au désir de puissance, car chacun recevra le retour de bâton qu'il aura lui-même asséné.