La vie est un songe

Pour son premier spectacle en tant que nouveau directeur du Théâtre de la Tempête, Clément Poirée s'attaque au chef d'œuvre du théâtre baroque espagnol, La Vie est un songe de Calderón. Sigismond, prince héritier de Pologne, vit enfermé dans une tour du château de son père, le roi Basile. Sous l'influence d'une prophétie astrologique, le monarque est convaincu que son fils, une fois devenu roi, livrera le royaume à la violence. Au terme de son règne, Basile décide de donner une chance à son héritier naturel en le soumettant à une épreuve. Feignant la mansuétude, il le proclame Roi d'un jour. Ce n'est qu'au terme d'un parcours riche en péripéties que Sigismond se montrera digne de porter la couronne, et c'est l'amour, sous les traits de Rosaura, sa jumelle en infortune, qui sera le grand agent de sa métamorphose. La temporalité de la pièce est marquée par trois moments forts correspondant à trois journées et à trois réveils. Trois métamorphoses aussi qui vont conduire Sigismond de la soumission à la révolte, de la révolte à la liberté. Cherchant à créer une « théâtralité en apesanteur », Clément Poirée nous immerge dans une atmosphère aussi mystérieuse et envoûtante que les songes. S'ouvrant sur les neiges glaciales de Pologne, la pièce, enrichie de jeux de lumières et de fumée crépusculaires, nous transporte au fil de l'intrigue entre rêve et réalité. La vie est belle quand le théâtre est un songe.