Théâtre : Quadrille

Faussement léger, ce chassé-croisé amoureux drôle et cynique devient dans la mise en scène de Jean-Romain Vesperini une célébration aigüe de la liberté.

Philippe, rédacteur en chef d'un grand quotidien ; Paulette, comédienne et compagne de Philippe depuis quelques années ; Carl, vedette de cinéma américain qui tombe sous le charme de Paulette ; Claudine, journaliste et amie de Paulette. Quatre personnages pour un quadrille qui n'a rien de la danse de salon ordonnée qu'il désigne au XIXe siècle : la pièce orchestre plutôt le désordre des sentiments au fil d'une ronde endiablée « où les instincts, les désirs font voler la convention en éclat dans un manège vertigineux », comme aime à le souligner Jean-Romain Vesperini.

Metteur en scène d'opéra et de théâtre, il rend justice au rythme trépidant de cette partition, redoutablement précise, attentif à la fois à la singularité percutante de chacun et à l'équilibre subtil de l'ensemble. Bien au-delà de l'image stéréotypée de théâtre de boulevard, il s'attache à faire entendre la finesse et la virtuosité de la langue, à laisser émerger l'affirmation d'une liberté absolue, guidée par la quête individualiste du bonheur, ainsi que l'ironie acide qui caractérise les relations.

Les comédiens forment un quatuor parfaitement accordé, où se jouent des duels féroces et hilarants en forme de « variation comique » de « l'insoutenable légèreté de l'être », selon les mots du metteur en scène. Le langage théâtral ici déjoue les attendus, envoie promener les carcans et célèbre joyeusement le libre arbitre.