Festival C'est Comme Ça !-Spectacle de danse de Emmanuel Eggermont : Aberration

Emmanuel Eggermont fait partie de ces danseurs d'une rare élégance, devant lesquels l'espace semble s'ouvrir pour mieux en accueillir les arabesques suaves, habitées tout en sobriété. L'immaculé ABERRATION, sublime variation en solo sur le blanc, forme une ode onirique à la résilience et à la réinvention de soi.
Comble du raffinement, c'est dans une variation de matières ( peinture, tissus, coiffe, panneaux mobiles, talc... ) qu'Emmanuel Eggermont poursuit sa recherche autour de la couleur. Après son incursion dans “ l'outre-noir ” de Pierre Soulages avec Πόλις ( Pólis ), il opte pour le contre-pied en s'emparant cette fois du blanc. Son rêve ? Réussir à provoquer une variation de sensations troublantes, comme de s'être couché David Bowie et de se réveiller Ziggy Stardust. Pour cela, il revient à l'étymologie latine d'Aberration, l'écart entre le déplacement apparent d'un astre, résultant de la combinaison du mouvement de la Terre avec la vitesse de propagation de la lumière et sa direction réelle. Il est donc question d'égarement et d'errements, de difficulté à se retrouver. Usant d'effets optiques liés à la lumière, le rêve étrange qu'il déploie au son d'un orgue fait écho à nos pertes de repères, à l'effondrement de nos certitudes. Sa cérémonie minimaliste, peuplée de ressorts symboliques et spirituels est d'une beauté plastique saisissante.