Exposition : Annick Dumarchey

Annick Dumarchey est l'un de ces êtres mobiles qui établissent un rapport tangible, émouvant, entre l'humain et le monde. Il est difficile de regarder ses sculptures sans être saisi par la ronde des dynamismes. Qu'elle fasse apparaître des centaures, des chevaux, des Bacchus, des licornes, des hommes et des femmes, en des postures parfois acrobatiques, il y a dans ce travail un amour des forces vitales, sentimentales, sensuelles, auxquelles Eros impose une ferveur primeur et tendre. Ce qui ne l'empêche pas de se questionner sur la solitude des êtres, inquiets de leurs rêves impuissants. Quand elle dessine, son trait paraît aller plus vite que sa main et le résultat est heureux, car l'inachevé, le suggestif, le turbulent proposent des échappées belles qui nous font voyager au pays de la chair et de l'esprit des formes. Ce qui émeut dans cette œuvre aux multiples facettes, c'est l'humour, qui cache une mélancolie connue et dépassée, un jeu de vides et de pleins à travers lesquels passe la vie, dans une apesanteur heureuse, ou inquiétante face au vide qui menace l'équilibre, ce qui leur donne le style étourdissant de l'émotion humaine. Expression parfois mystique, comme en ses paysages, d'un bonheur fragile et lumineux. Un corps à cœur avec le désir d'être heureux. « Il faut l'en remercier par ces temps qui courent, ou plutôt qui boitent. »
Michel Lagrange.